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tenir en paix et laissier le hault parler à son seigneur, et aussy du ccontraire, car c’est grant honte de oïr femme estriver à son seigneur, soit droit, soit tort, et par especial devant les gens.

Je ne dis mis que, quant elle trouvera espace seul à seul, que par bel et par courtoisie, elle le puet bien aprendre et luy monstrer courtoisement qu’il avoit tort, et s’il est homme de Dieu il luy en saura bon gré, et s’il est autre, se n’aura elle fait que son droit.

Car tout ainsy le doit faire preude femme à l’exemple de la sage dame la royne Hester, femme du roy de Surie, qui moult estoit colorique et hatif ; mais sa bonne dame ne lui respondoit riens en son yre ; maiz après, quant elle véoit son lieu, elle faisoit tout ce qu’elle vouloit, et c’estoit grant senz de dames, et ainsi le doivent faire les bonnes dames a ceste exemple. Cestes femmes, qui sont foles et remponeuses, ne sont pas de l’obeyssance comme fut la femme d’un marchant, dont je vous en diray l’exemple.




De celle qui sailit sur la table
Chappitre XIXe


Une fois avint que trois marchans venoient de l’emplette de querre draps de Rouen. Si dist l’un : C’est trop bonne chose que femme, quand elle obeist voulontiers à son seigneur. — Par foy, fist l’autre, la moye m’obeist bien. — Vrayement, dist l’autre, la moye,