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en l’amour du monde : car il n’est riens si plaisans comme estre humble et courtoise et saluer le grant et le petit, et non pas faire chière de perte ne de gaain, car nulles gentilz femmes ne doivent avoir nul effroy en elles ; elles doivent avoir gentilz cuers et de doulces responces et estres humbles, comme Dieu dist en l’Euvangille, que qui plus vault et scet plus se humilie, car qui plus se umilie plus s’essaulce, comme fist ceste mainsnée fille du roy d’Arragon, qui par sa courtoisie et son humilité, conquist à estre royne d’Espaigne et l’osta à sa suer l’ainsnée.




Cy parle de celles qui estrivent les unes aux autres
Chappitre XVe


Belles filles, gardez que vous ne prengniez estrif à fol, ne à folle, ne à gens folz qui ayent male teste : car c’est grant peril. Je vous en dirai un exemple que j’en vi.

Il avint en un chastel, où plusieurs dames et damoiselles demeuroient. Si y avoit une damoiselle, fille d’un chevalier bien gentilz ; si se va courrouscier à jeu de tables, elle et un gentil homme, qui bien avoit male teste et rioteuse, et n’estoit pas trop saige. Si fut le debat sur un dit qu’elle disoit qu’il n’estoit pas droit ; tant avint que les parolles se haulcèrent et qu’elle dit qu’il estoit cornart et sot. Ilz laissèrent le jeu par tenson. Si dis à la damoiselle : « Ma chière cousine,