Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/7

Cette page n’a pas encore été corrigée

  Maître,

« Le peuple s’instruit en lapidant ceux qui l’aiment. »

Un jour, troublé par l’injustice, voulant la lumière, révolté par l’inconscience des foules, vous vous êtes offert en holocauste aux inconscients, afin qu’ils apprennent.

Depuis que Bernard Lazare s’est consacré à la réhabilitation d’une malheureuse victime des mal-entendus, des lâchetés et du faux honneur des bureaux, une race de héros s’est révélée à la France.

Oubliant les situations acquises poussées par la volonté de sauver un innocent, des hommes comme le vaillant colonel Picquart, comme l’éminent Grimaux, vinrent combattre pour la justice en sacrifiant tout, en s’exposant aux pires injures.

Mais pour que la vérité s’affirmât il fallait un acte retentissant. Vous avez consenti à en prendre la responsabilité, à servir de cible aux traits de la bêtise et de l’ignominie.

La minorité — car, malheureusement, nous sommes encore une minorité — a cru qu’il fallait honorer le courage ; elle vous offre ce livre, faible