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II

LES MAINS ROUGES

Les mains rouges étreignent les mains rouges.

Aux généraux de la Semaine sanglante, aux vainqueurs de Fourmies, les égorgeurs de la Villette prêtent leur vigueur.

On racolera Deibler, aussi.

Bouchers, généraux, bourreaux, forment le syndicat corporatif des tueurs resurgis contre l’idée d’amour international, contre l’Esprit.

Et leurs mains rouges de tous les meurtres historiques se redressent contre la Vie, source de l’Idée qu’ils haïssent.

Oh ! la trace de ces mains sur les Propylées de l’Histoire ! Traces écarlates de doigts meurtriers à la surface de lumière ! Mains barbares, mains saigneuses qui, depuis les origines, avez pollué les façades des civilisations ! Mains cruelles et fines de l’Asie, mains épaisses des géants Scandinaves, mains tartares, mains arabes, qui avez mis le signe de sang au visage des cités où l’idée gréco-latine enfanta la splendeur du monde ! Mains rouges, vous voilà dressées à nouveau contre l’intelligence des âmes libres.