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la vouloir pure de toute souillure, que de s’affliger si l’on voit maintenir dans ses rangs le vrai auteur du crime pour lequel un innocent a été frappé ?

Un homme s’est rencontré pour écrire qu’il serait heureux d’être tué comme capitaine de uhlans en sabrant des Français, qui a été pendant des années l’espion à gages d’une puissance étrangère, qui, accablé par les preuves les plus irrécusables, n’a trouvé d’autre réponse que le silence. Et cet homme porte encore l’uniforme français ! Et l’on invoquerait encore, pour le protéger, l’honneur de l’armée !

L’honneur de l’armée, c’est nous qui le défendons.

Vous me connaissez, vous savez qui je suis : aurais-je pris la cause d’un traître ? Non, c’est l’innocent que je défends ; c’est le criminel que j’accuse.

Quand la vérité éclatera-t-elle avec la même force aux yeux de tous ? Ce soir, demain peut-être. Mais je vous réponds que son jour est proche.

Si vous doutez de ma parole que, cependant, vous avez toujours trouvée loyale et sincère, je n’aurai pas un regret personnel, car j’aurai toujours fait mon devoir.

Si vous me croyez, j’en serai heureux, surtout pour vous. Je vous dois d’avoir siégé dans deux assemblées. Je voudrais vous payer ma dette de gratitude en vous épargnant, à vous patriotes, à vous républicains des Alpes, le remords prochain d’avoir été, dans cette bataille, avec le mensonge contre la vérité, avec l’arbitraire contre la justice. »

J’avais été élu, dans l’arrondissement de Digne (Basses-Alpes), en 1889, par 5.845 voix et réélu, en 1893, par 7.160 voix.