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bientôt négligeable, qui tombe à la poussière des religions mortes. Enfin, note M. Brunetière, Paris n’est pour l’abbé Froment qu’une dernière et suprême expérience où viennent achever de se débattre son cœur et sa raison. L’expérience est complète, décisive. L’abbé Pierre Froment se déchristianise.

Lourdes, Rome, Paris, trilogie terrible !

Les livres de Zola se vendent à cent mille exemplaires et plus. Ils sont lus dans le monde entier. Zola est une force, une puissance. Il faut abattre cette force, il faut écraser cette puissance.

Déjà Zola avait vu nettement que l’antisémitisme, machine de guerre inventée par l’Église, était le signe d’une effroyable rétrogradation mentale. Il l’avait dit. Il est l’ennemi. Tous les jours, pendant le procès, les étudiants catholiques partaient du cercle de la rue du Luxembourg en colonnes serrées pour aller renforcer les vieilles bandes hurlantes du marquis de Mores.

Depuis vingt ans, l’Église de France n’a eu qu’une pensée, mettre la main sur l’armée par les hauts grades, par le corps d’officiers. Chaque année, la Rue des Postes et les autres maisons de jésuites envoient à l’École polytechnique, à Saint-Cyr, le produit d’une sélection savante. Tel élève des jésuites se croit appelé par sa vocation à entrer dans les Ordres. Ses supérieurs lui disent : « Non, vous vous trompez ; vous êtes marqué pour l’armée. » Il obéit. La protection des Pères, toutes les influences mondaines mises en œuvre le suivent dans la carrière qui lui est largement ouverte. Il sera de l’État-Major.

Ce n’était pas assez de ce travail incessant, sans relâche. Il importait de dégoûter les jeunes gens de race juive