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magistrats qui étendent leurs robes sous les bottes des soldats ; des militaires qui ont le mépris de la loi et qui mettent leur honneur, pour ne pas réparer une erreur judiciaire, à maintenir la condamnation d’un innocent et à couvrir un traître.

D*un autre côté, une famille admirable, un frère dévoué et actif, une femme qui montre un courage à la hauteur du malheur qui la frappée, un père qui la soutient, des amis qui se groupent autour de ces victimes ; un homme comme Picquart qui brise sa carrière militaire dans l’intérêt de la vérité et de la justice ; un vieillard, le dernier représentant de l’Alsace-Lorraine en France, vice-président du Sénat, considéré par tous, qui prend la cause en mains ; les amis connus et inconnus qui se groupent autour d’eux, gens honnêtes et de grande valeur : Joseph Reinach, qui sacrifie son siège de député à son devoir ; Leblois qui, tout dévoué à Picquart, devient aussi dévoué à Dreyfus ; Zola, enfin, un littérateur qui, depuis vingt ans, tient la plus grande place parmi les romanciers et a le don de passionner tout ce qu’il touche, qui se jette dans la bataille avec son audace habituelle et met le gouvernement en demeure de le poursuivre ; un jeune avocat plein d’ardeur, de science juridique, d’éloquence et de foi, Me Labori ; un ancien député dont l’éloquence redoutable a culbuté tant de ministres, M. Clemenceau ; puis tous les intellectuels qui quittent le silence, leurs laboratoires, la tranquillité de leurs cabinets, au risque de compromettre leur situation : Duclaux, Friedel, Grimaux, G. Meyer, Louis Havet, Giry, pour ne citer que les membres de l’Institut, et une foule de membres du haut enseignement.