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TABLEAU

DE LA FIGURATION DE LA PRONONCIATION.


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Le principe de figuration que j’ai adopté est de conserver rigoureusement à chaque lettre la valeur qu’elle a dans l’alphabet et de ne lui en attribuer jamais d’autre.

Les sons et articulations de la langue française se divisent en : 1° voyelles simples ; 2° voyelles nasales ; 3° diphthongues ; 4° consonnes.

I. Les voyelles simples sont a avec ses deux sons, e avec ses quatre sons, i, o avec ses deux sons, ou qualifié à tort de diphthongue, et u.

A a deux sons principaux, par exemple avoir et âme ; c’est l’accent circonflexe qui les distingue.

E est marqué pour ses quatre prononciations, ainsi qu’il suit : e muet, reprise, re-pri-z’, clavecin, cla-ve-sin ; é fermé, lié, li-é ; è plus ouvert, sujet, su-jè ; ê tout à fait ouvert et long, tête, tê-t’, reine, rê-n’. A la fin des mots, l’e muet est marqué par une apostrophe, âme, â-m’. Je suis, à défaut d’un signe particulier, l’orthographe ordinaire pour les e initiaux ou intérieurs ; pourtant les e marqués de l’accent aigu au commencement ou dans l’intérieur des mots ont le son bien plus ouvert que l’é final ; ainsi intérieur, médecin, se prononcent plutôt intèrieur, mèdecin, qu’avec l’accent aigu. Toutes les autres formes que l’orthographe emploie, ai, ei, es, ez, etc., rentrent dans l’une des quatre prononciations ici indiquées.

I est bref ou long ; un accent circonflexe distingue les deux i.

Y grec, n’ayant que le son de l’i, est banni de la figuration ; je ne m’en suis servi que pour représenter la vicieuse prononciation des ll mouillés : ailleurs, mal prononcé a-yeur.

O a deux sons, l’un tel qu’il est dans croquer, police, etc. ; l’autre tel qu’il est dans hôte, le nôtre, etc. Pour faire la distinction, je conserve l’orthographe ordinaire qui met sur l’o grave un accent circonflexe. Il va sans dire que c’est aussi par ô que je figure les combinaisons des lettres au, aux, eaux, os, qui, quelle qu’en soit l’orthographe, ont, dans beaucoup de cas, le son de ô.

OU n’est une diphthongue que pour les yeux ; pour l’oreille c’est une voyelle ; il n’y avait aucune raison pour en changer la figuration.

U est bref ou long ; l’accent circonflexe marque cette différence.

II. Les voyelles nasales sont an, in, on, un. La figuration en est la même que dans l’orthographe usuelle. Il est clair que les variantes orthographiques telles que en pour an ou in sont ramenées, dans


DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE. I. — h