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CLAUDE BERNARD

mation de l’amidon qui donne naissance au sucre. Or, l’étude de la glycogénèse hépatique montre qu’il en est exactement de même dans l’organisme-animal : le sucre a ici pour antécédent le glycogène, qu’il est facile d’isoler, d’étudier chimiquement et de caractériser comme composé ternaire. Or, comme cet amidon existe dans le foie, et s’y produit alors même que l’alimentation ne se compose que de matières quaternaires, il faut bien admettre que le parenchyme hépatique est capable de former des substances ternaires, des hydrocarbures, formation dont les végétaux étaient considérés connue ayant seuls le monopole.

Il faut donc renoncer, au point de vue de la nature chimique des actes intimes de la nutrition, à établir une distinction absolue entre l’organisme animal et l’organisme végétal. Cependant, en comparant dans l’un et l’autre règne, les résultats généraux de la nutrition, on a été généralement amené à établir entre eux un antagonisme contre lequel Claude Bernard a justement protesté au nom de la physiologie générale. On a dit que chez les végétaux la nutrition se fait exclusivement par voie de formation, tandis que chez les animaux elle a lieu par destruction : les premiers auraient pour attribut la réduction chimique ; les seconds, la combustion (en oxydation). Depuis les travaux de Cl. Bernard, cette conception ne saurait, en physiologie générale, soutenir un examen sérieux. En effet, d’une part, si les plantes, sous l’influence des radiations solaires, absorbent l’acide carbonique, le réduisent et fixent le carbone en dégageant de l’oxygène, il n’en est pas moins constant qu’à côté de cette respiration diurne, intermittente, les plantes sont le siège, pendant le jour et pendant la nuit, d’une respiration identique à celle des animaux, et que, comme l’ont démontré Garreau, Boussingault, Sachs, etc., elles consomment de l’oxygène et dégagent de l’acide carbonique. Or, de ces deux respirations, dont l’une traduit les phénomènes de réduction et l’autre les phénomènes d’oxydation, c’est cette dernière qui est la plus importante, la seule en rapport avec la vie de la plante, avec sa nutrition intime ; l’autre n’est qu’une fonction intermittente qu’on peut artificiellement arrêter, et qui a pour but de préparer des matériaux que la plante utilisera plus tard en les comburant, comme le feraient les animaux. Pour prouver que la fonction de réduction peut être suspendue sans compromettre la vie de la plante, Cl. Bernard expérimentait sur des plantes aquatiques placées dans un bocal