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LA PHILOSOPHIE POSITIVE

vement cultivée au commencement de ce siècle ; les phénomènes élémentaires, c’est-à-dire se passant dans les éléments anatomiques des tissus, sont l’objet de la physiologie générale : avoir créé cette physiologie générale sera à tout jamais le titre le plus glorieux de Cl. Bernard.


II


Si nous résumons les quelques indications que nous venons de donner sur l’état comparé de la physiologie avant et après Claude Bernard, nous pouvons dire que la physiologie actuelle est surtout caractérisée en ce que : 1o Elle s’est débarrassée de l’hypothèse vitaliste non-seulement pour expliquer les phénomènes dont les organes sont le siège, mais encore pour interpréter les propriétés des tissus, objet de la physiologie générale ; 2o Aux expériences empiriques, elle a substitué une méthode rigoureuse ; 3o Elle est devenue une véritable science, présentant les mêmes caractères de certitude que la physique et la chimie ; 4o Elle a ramené à sa juste valeur le prétendu antagonisme des organismes végétaux et animaux ; 5o Elle s’est complétée, étendue et même transformée en passant de l’étude des mécanismes fonctionnels à celle des actes intimes et élémentaires, et ainsi a été créée la physiologie générale qui est à la physiologie des organes ce que l’histologie est à l’anatomie descriptive.

Comment se sont accomplies ces transformations, et quels sont, parmi les nombreux travaux de Cl. Bernard, ceux qui ont le plus directement contribué à chacune d’elles, c’est ce qu’il nous sera facile d’établir en passant en revue, non plus dans un ordre chronologique, mais d’après l’ordre d’idées sus-énoncées, les principales découvertes de ce grand expérimentateur.


— Les idées vitalistes ne pouvaient trouver place dans la pensée du savant qui s’inspirait et se réclamait sans cesse l’œuvre de Lavoisier et de Laplace ; le phénomène le plus mystérieux de l’organisme vivant, la production de la chaleur animale avait été démontrée par Lavoisier identique à la production de chaleur par les combustions vulgaires, par les oxydations chimiques. Dès