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CLAUDE BERNARD

milation), mais il n’y a nullement différence de nature. Nous verrons, dans un instant, Comment Claude Bernard fut amené, par la découverte de la glycogénèse animale, à rétablir, au point de vue de la physiologie végétale, les vrais rapports entre les organismes animaux et végétaux.

L’indication précédente fait déjà entrevoir la seconde question que nous devons signaler ici : cette fois il s’agit, en apparence, non de doctrines, mais de faits expérimentaux, ou, pour mieux dire, il s’agit de la détermination même des faits qui ont été, avant et depuis Claude Bernard, l’objet des recherches expérimentales. Nous venons de voir, à propos des résultats généraux de la nutrition et du fonctionnement des organismes animaux et végétaux, qu’il faut pénétrer jusque dans l’intimité des actes élémentaires pour se rendre compte de la nature exacte des phénomènes de la vie dans les deux règnes organiques, et ne pas se contenter d’enregistrer les résultats les plus saillants du fonctionnement de ces organismes : en un mot, la physiologie générale a aujourd’hui son objet et son but nettement indiqués, indépendamment de l’objet et du but de la physiologie spéciale, qui s’occupe des fonctions des organes. Cette dernière seule était l’objet des recherches expérimentales avant les travaux de Claude Bernard : le de Usu partium de Galien était encore et semblait devoir être toujours l’objectif unique des investigateurs. Aussi la vivisection consistait-elle essentiellement en ablations d’organes, en lésions de nerfs ou de vaisseaux, l’expérimentateur cherchant à conclure, des troubles observés, à la nature et à l’importance des fonctions de l’organe enlevé.

On éclaircissait ainsi la question des mécanismes fonctionnels et, par exemple, pour ce qui est des fonctions de la respiration, on déterminait le rôle de la glotte, de la trachée, du poumon ; mais tous ces appareils mécaniques ne sont que pour amener l’air au contact du sang, et le sang lui-même n’est que pour amener l’oxygène au contact des tissus. Que le mécanisme respiratoire soit accompli par un poumon, des branchies ou des trachées, ce qui semble indiquer la différence la plus absolue dans le mode de respiration, l’acte intime d’utilisation de l’oxygène par les éléments des tissus est cependant toujours le même. Au-dessous des variétés les plus infinies de mécanismes préparatoires, nous trouvons toujours les mêmes phénomènes élémentaires. Les mécanismes sont l’objet de la physiologie spéciale, presque exclusi-