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Oh ! quel Rêve les a saisies
Dans les pandiculations ?
Un réve inouï des Asies,
Des Khenghavars ou des Sions ?

— Ces mains n’ont pas vendu d’oranges,
Ni bruni sur les pieds des dieux ;
Ces mains n’ont pas lavé les langes
Des lourds petits enfants sans yeux.

Ce ne sont pas mains de cousine,
Ni d’ouvrières aux gros fronts
Que brûle, aux bois puant l’usine,
Un soleil ivre de goudrons.

Ce sont des ployeuses[1] d’échines,
Des mains qui ne font jamais mal,
Plus fatales que des machines,
Plus fortes que tout un cheval !

Remuant comme des fournaises
Et secouant tous ses frissons,
Leur chair chante des Marseillaises
Et jamais les Eleisons !

Ça serrerait vos cous, ô femmes
Mauvaises, ça broierait vos mains,
Femmes nobles, vos mains infâmes
Pleines de blancs et de carmins.

  1. Variante : Casseuses.