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LES MAINS DE JEANNE-MARIE[1]
Jeanne-Marie a des mains fortes,
Mains sombres que l’été tanna,
Mains pales comme des mains mortes.
— Sont-ce des mains de Juana ?
Ont-elles pris les crêmes brunes
Sur les mares des voluptés ?
Ont-elles trempé dans des lunes
Aux étangs de sérénités ?
Ont-elles bu des cieux barbares,
Calmes sur les genoux charmants ?
Ont-elles roulé des cigares
Ou trafiqué des diamants ?
Sur les pieds ardents des Madones
Ont-elles fané des fleurs d’or ?
Crest le sang noir des belladones
Qui dans leur paume éclate et dort.
Mains chasseresses des diptéres
Dont bombinent tes bleuisons
Aurorales, vers les nectaires ?
Mains décanteuses de poisons ?
- ↑ Il a été tiré de ce poéme, pour la Collection de LITTERATURE, 500 exemplaires sur papiers de luxe, AU SANS PAREIL.