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Au reflet brillant et doré,
Discret sentier ! leurs doux mensonges,
Sous tes berceaux m’ont enivré !

Que de fois, — gracieux fantômes,
Souriantes illusions, —
J’ai vu, devant moi, sous tes dômes,
Passer de blanches visions !

Mon cœur épris de rêveries,
Suit mieux, sous ton doux clair-obscur,
L’essor de leurs ailes chéries,
Leur sillon de rose et d’azur…

L’enchantement qui se respire
Dans ton parcours délicieux,
Entr’ouvrant ma lèvre au sourire,
Fait poindre une larme en mes yeux.

Avec des élans de tendresse,
Avec des soupirs de regrets
Mon âme rappelle l’ivresse
De ses souvenirs les plus frais,

De ses heures les plus légères,
De ses plus amoureux printemps,
De ses plus aimables chimères,
De ses espoirs les plus constants…

Et la Muse à mes vœux propice,
Perdue en tes méandres verts,
Sous mes pas sème avec délice
Des bouquets de fleurs et de vers !…

Sentier qui me vois solitaire
Revenir ainsi chaque jour,
Sentier créé pour le mystère,
Pour la poésie et l’amour.