Page:Littérature Contemporaine - Volume 43, 1990.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.



PREMIÈRE VOIX

Entends-tu ces accents doux comme la prière
Que murmure une vierge au seuil du sanctuaire ?
C’est l’Angelus lointain… Puisse ton cœur pieux
Ne répondre jamais qu’à cette voix des cieux !…

DEUXIÈME VOIX

Entends-tu cette immense et profonde harmonie ?
C’est l’écho prolongé des lyres du génie…
Heureux l’homme qui peut, marqué du sceau divin,
Sans effroi les touchant d’une puissante main,
En tirer des accords que l’univers admire !

PREMIÈRE VOIX

Sur la pelouse en fleurs qui frissonne et soupire,
Vois cette source claire aux flots purs et tremblants
Ou viennent les ramiers mirer leurs cous si blancs
Dans le creux du vallon, son onde au cours fidèle
Va se perdre ignorée… Heureux qui peut comme elle
Auprès de son berceau voir son destin finir,
Et, sous le bois natal, vivre obscur et mourir !…

DEUXIÈME VOIX

Vois ce torrent fougueux redouté des campagnes,
Comme un géant des airs, descendant des montagnes
Sublime dans sa libre et fière majesté,
Il roule impétueux, fort, rapide, indompté ;
Chacun de ses élans semble ébranler la terre ;
Les éclats de sa voix grondent comme un tonnerre,
L’humble écho de ses bords, frappé de sa grandeur,
L’écoute en frémissant. Et lui passe, vainqueur,
Jetant au vent du ciel l’écume de la lutte…

PREMIÈRE VOIX

Mais un gouffre l’attend…