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Que la brise du soir frissonnant dans la mousse ;
La seconde était noble et fière, et ses accents
Comme un chant de victoire électrisaient mes sens,
Et, réveillant en moi des transports pleins de flamme,
Faisaient, ainsi qu’un luth, vibrer toute mon âme.
C’étaient tantôt des sons immenses, glorieux,
Et tantôt des accords furtifs, mystérieux
Comme un soupir tombé de la bouche d’un ange.


II


Voilà de ses deux voix le dialogue étrange :

PREMIÈRE VOIX

Jeune enfant, lys plein de candeur,
Que ton sort est digne d’envie !
Ah ! pour garder toute la vie
La paix qui règne dans ton cœur,
Sois comme la fleur isolée
Cachant au fond de la vallée
La fraîcheur de son sein de miel :
Trésor de grâce et de mystère,
Qui reste ignoré de la terre
Et ne s’ouvre que pour le ciel !…

DEUXIÈME VOIX

Enfant, dont la Muse divine
A baisé le front inspiré,
Ne sens-tu pas dans ta poitrine
Résonner le souffle sacré ?
Enfant, ne sens-tu pas ton être,
Brûlant de l’ardeur de connaître,
Tressaillir d’élans ingénus ?…
À toi l’espace !… et que ton âme
S’élance d’un essor de flamme
Vers les horizons inconnus !…