Page:Littérature Contemporaine - Volume 41, 1889.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il pencha sur son bras ses longs cheveux d’ébène
Et le divin sommeil vint lui fermer les yeux…


IV

  
Des accents du pasteur, envolés vers la nue,
Ô Diane ! en secret votre âme fut émue…
Vos regards, traversant l’immensité des cieux,
Le voyaient endormi, mais en proie aux vains songes
Dont l’ardente jeunesse et l’amour, à ses yeux,
Présentaient tour-à-tour les séduisants mensonges…

Et soudain, détaché de votre front vermeil,
Qui dans l’ombre s’incline au chaste lys pareil,
Un rayon doucement vient mourir sur la lèvre
Du bel adolescent dont l’amoureuse fièvre
Redouble à ce toucher qui cause son réveil !

Oh ! combien son cœur bat ! Sa bouche encor brûlante
Charge le vent des nuits de soupirs embrasés…
Égaré, hors de lui, son âme défaillante
À peine vient en aide à ses sens abusés…

— « Non, ce n’est point, dit-il, une vaine chimère !
« J’ai senti son haleine effleurer mes cheveux ;
« J’ai senti son regard caresser ma paupière,
« Comme pour y verser sa divine lumière,
« Et, papillon du ciel, sa lèvre, en longs adieux,
« À ma bouche, a laissé l’empreinte de ses feux !… »

Et son oreille avide, à tous les vents tendue,
Croit ouïr frissonner, dans la pénombre émue,
Le tremblement furtif de pas mystérieux…


V

 
De Diane pourtant la couronne étoilée,
D’un nuage d’argent tout à coup s’est voilée…
Déesse ! avez-vous craint que l’amoureux pasteur,