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Rossignol, je voudrais à l’heure où le soir glisse,
À l’heure du berger, parmi les rameaux verts,
Poète ailé des bois, exhaler dans les airs,
Un chant d’où la tendresse en purs accents jaillisse.

Je ne suis pas l’abeille ou le calice d’or ;
Je ne saurais t’offrir, comme un riant trésor,
Ni frais parfums, ni miel à la saveur exquise…

Mais mon amour ressemble au tendre oiseau chanteur :
Comme le rossignol qui chante dans la brise,
Entends l’oiseau d’amour qui chante dans mon cœur !

Gabriel Monavon.


DEMAIN !

Quand je suis seul le soir, seul avec mes pensées,
Du jour présent d’abord j’aime à me souvenir,
Mon esprit un moment songe aux heures passées,
Mais devant lui bientôt se dresse l’avenir.
L’avenir, quel sujet ! quel monde ! quel mystère !
C’est le doute cruel, l’effrayant inconnu,
C’est le trouble constant, le souci de la terre,
L’instant que l’on redoute avant qu’il soit venu.
Demain ! combien ce mot de modeste apparence
Contient de profondeur en son cours incertain !
À notre âme inquiète il permet l’espérance
Sans lui rien découvrir des arrêts du destin.
Sais-tu, pauvre mortel, demain combien de peines,
De soucis, de chagrins, d’ennuis et de tourments,
Viendront, poisons subtils, s’infiltrant dans tes veines,
Augmenter de ton cœur les tristes battements ?

Demain, reverras-tu la brillante nature,
L’abeille dans les fleurs puisant sa nourriture
Et la rose s’épanouir ?