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blement aux problèmes les plus ardus. Pour ne les ébaucher que d’une manière spéciale et imparfaite ; il nous a fallu un assez douloureux noviciat pratique et de nombreuses réflexions.

Après nous être rassasiés de dégoût dans l’étude des faits et détails contemporains[1], nous avons remonté successivement tous les échelons historiques pour nous abreuver enfin à la source éternellement féconde et vivifiante des traditions. En contemplant les magnifiques destinées que le génie de l’antiquité assignait à la musique, en évoquant les législateurs et les philosophes illustres qui instruisirent les peuples au sonde la lyre, nous nous sommes demandé « quelle pouvait être la cause de cette déchéance, de cette abdication sociale de la musique moderne, et comment ceux qui étaient les premiers avaient consenti à se faire les derniers ?… »

Puis, au fur et à mesure que nous examinions plus attentivement, dans leurs principes et leurs résultats, les évolutions diverses, les développements graduels de l’art, cette chose éternelle ; à mesure que nous pénétrions plus avant dans l’intimité des rapports de la musique avec la poésie, la religion, le cœur humain, l’homme tout entier, corps et âme, ses mystères et sa valeur effective se révélèrent en même temps à nous ; —

  1. Et à cet égard nous croyons n’avoir fait aucune omission de quelque importance. Au besoin, nous pourrions citer une foule de noms propres et de faits correspondants, mais on comprendra facilement pourquoi nous nous en abstenons. (Note de Liszt.)