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teurs de théâtre, MM. les critiques-feuilletonistes, MM. les employés au ministère, MM. les marchands de musique, etc., etc. ; que ce soit, en un mot, dans leurs rapports civils, politiques et religieux, ou dans leurs relations mutuelles : — rapports dépourvus de sanction, — relations sans lien véritable, n’importe. Tous souffrent et, beaucoup d’entre eux sentent qu’ils souffrent… illégitimement, iniquement d’ordinaire ; mais souvent aussi par suite de torts réels, à cause de leur isolement, de leur égoïsme et de leur manque de foi.

Schiller a dit quelque part : « Toutes les fois que l’art s’est perdu, ç’a été par la faute des artistes. »

Ne pourrait-on pas ajouter : Toutes les fois aussi que les artistes, au lieu de s’unir, soit pour résister aux oppressions et aux exigences mauvaises, soit pour marcher de concert au but qui leur est providentiellement désigné, — se divisent, repoussent la conscience de leur dignité, et subissent une à une, jour par jour, toutes les conséquences d’une subalternité tacitement acceptée, il y a certainement beaucoup de leur faute… Mais n’anticipons pas sur des choses qui trouveront leur place ailleurs.

Encore une fois, nous le répétons, la situation des artistes, leur condition dans la société, ce qu’ils sont, ce qu’ils devront être, dans la cité, le temple, la salle de concert ou de spectacle, toutes ces questions complexes que nous avons pris à tâche d’entamer, sont à la fois d’une haute importance et d’une extrême délicatesse ; elles tiennent indissolu-