Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

congédier aumôniers et artistes en signifiant à sa famille que désormais le plain-chant de Saint Roch était assez harmonieux pour elle.

Assurément, c’est la une de ces mille et une hontes de l’ordre de choses qui suffirait à elle seule pour soulever notre indignation. Mais une fois en train, le vandalisme bourgeois ne s’arrête pas en chemin ; il va vite en besogne. Les réformes économiques pleuvent de droite et de gauche. La dissolution de l’école Choron[1] suivit de près la dissolution de la chapelle. De peur d’être accusé de jésuitisme, on mit à la porte des Tuileries MM. Chérubini, Plantade, Lesueur, avec leurs messes, leur requiems, et cela fait, sans perdre de temps, on profita de l’occasion pour rayer de la liste civile la modique pension de l’institution de la rue de Vaugirard, dont l’utilité et les services étaient généralement appréciés, et qui, par suite de cette royale et pitoyable lésinerie, fut hors d’état de continuer ses travaux.

Au reste tout cela est bien conséquent et prouve jusqu’à l’évidence que les arts sont protégés et la situation des artistes grandement digne d’envie !

  1. Choron (1772-1834) avait fondé une Institution royale du musique classique et religieuse, subventionnée de 1824 à 1830 par le gouvernement de Charles X et qui survécut peu à la révolution de Juillet.