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la psalmodie barbare, pesante, ignoble, des chantres de paroisse.

Que leurs voix sont fausses, rauques, abominables ; que cet accompagnement (à tort et à travers) de buccin et de basse ronflante est hideux et repoussant ; — ne dirait-on pas de monstrueux insectes bourdonnant dans un cadavre ?

Et l’orgue, — l’orgue, ce pape des instruments, cet Océan mystique qui naguère baignait si majestueusement l’autel du Christ, et y déposait avec ses flots d’harmonie les prières et les gémissements des siècles, — l’entendez-vous maintenant se prostituer à des airs de Vaudeville et même à des galops ?… Entendez-vous, au moment solennel où le prêtre élève l’hostie sainte, entendez-vous ce misérable organiste exécuter des variations sur Di piacer mi balza il cor ou Fra Diavolo.

Ô honte ! ô scandale ! quand cesserez-vous de vous renouveler chaque dimanche, chaque fête dans toutes les églises de Paris et dans toutes les villes des quatre-vingt-six départements de France ? Quand chassera-t-on du lieu saint ces bandes de gueulards ivres ?… Quand aurons-nous enfin de la musique religieuse ?

De la musique religieuse !… mais nous ne savons plus ce que c’est. Les grandes conceptions de ce genre des Palestrina, des Hændel, des Marcello, des Haydn, des Mozart, n’ont qu’à peine une existence de bibliothèque. Jamais ces chefs-d’œuvre ne soulèvent la poussière qui les recouvre ! Jamais leur