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(Correction de la mise en page du vers de Corneille cité par Liszt (cf. édition originale dans la Gazette musicale).)

célébrité aux deux cents coins de Paris, sont néanmoins condamnés à garder à tout jamais l’anonyme.

Je ne m’arrêterai guère, non plus, au sujet des innombrables concerts particuliers que les Anglais et les Allemands appellent private concerts, et qui, chez nous du moins, sont ordinairement privés d’intérêt et de sens. Ces réunions d’ailleurs ne sont pas tout à fait du ressort de la critique d’un journal et aussi bien, si nous en exceptons deux ou trois salons véritablement artistes (comme on dit aujourd’hui) :

« Le reste ne vaut pas l’honneur d’être nommé ».

Mais un point sur lequel on n’a pas suffisamment appelé l’attention, et que je me fais un devoir de signaler, c’est l’extrême difficulté, les nombreux obstacles que les artistes supérieurs rencontrent inévitablement dans l’organisation d’un concert et qui font que beaucoup d’entre eux y renoncent. Ces obstacles sont tels qu’ils équivalent presque à une impossibilité absolue. — Je m’explique.

Pour donner un concert, il faut de toute nécessité, une salle et des musiciens. Or, ces deux choses physiquement et moralement indispensables manquent à Paris. Cela paraît incroyable, fabuleux, et, cependant rien n’est plus exact. Deux règlements, deux privilèges, fourniront la preuve irrécusable de cette assertion.

1o Le privilège que s’est réservé la Société des Concerts d’avoir à elle seule exclusivement, pendant les quatre mois de la saison musicale (janvier,