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fallait, en échange des romances de M***, du duo d’Elisa e Claudio[1] (vingt-millième édition), de la Violette de M. Herz[2] et de tant d’autres fastidieux réchauffés ou pot-pourris (plus que pourris) qui nous crispent les oreilles en tous lieux.

J’ai esquissé plus haut, à propos des concerts du Conservatoire, un programme de concerts et de séances musicales qui me paraît de nature à contenter les plus difficiles. Qu’on veuille bien le mettre en parallèle avec les programmes quotidiens, et l’on s’apercevra aisément de l’insuffisance et de l’impitoyable monotonie de ceux-là.

Je n’entreprendrai pas de démontrer, ex professo, la pénurie de la majorité des concerts publics, autrement appelés aussi matinées ou soirées musicales, et où la musique ne sert actuellement que de prétexte. C’est chose aussi incontestable qu’incontestée et tout ce que je pourrais dire à cet égard est senti par tous et partout.

Les gens du monde et les artistes sont également fatigués, excédés de cette multitude de concerts borgnes, discordants, donnés par spéculation et piteusement composés de je ne sais quel ramassis de morceaux communs et plats, exécutés par des musiciens plus communs et plus plats encore, qui, en dépit de deux cents affiches, vertes, jaunes, rouges ou bleues proclament infatigablement leur

  1. Opéra de Mercadante (1795-1870).
  2. Henri Herz (1806-1888).