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douze ou quinze (hauthois, bassons, trompettes, trombones, etc., etc., — tous instruments et instrumentistes inconnus à ***) que le pauvre diable de cor avait la complaisance de remplacer quand faire se pouvait.

Qu’on juge du désappointement que me causa l’indiscrète énumération des parties de notre directeur. Je ne savais que faire ni que dire. Le concert projeté me paraissait complètement irréalisable, et j’étais sur le point d’y renoncer, lorsqu’un secours inespéré nous arriva à l’improviste et mit fin à ma pénible anxiété. Des artistes de Paris, se trouvant momentanément à quelques lieues de ***, voulurent bien nous rejoindre et nous prêter main-forte. Grâces à leur obligeance, nous parvînmes à organiser un concert excellent, qui fit époque dans les fastes musicales du pays.

Quoique la plupart des sociétés philharmoniques aient assez d’analogie avec celle de ***, elles contribuent cependant à propager, à stimuler le goût musical en France. Ces sortes de sociétés, qui forment pour ainsi dire la garde nationale de la musique, se sont singulièrement multipliées depuis quelques années. Ce qui leur manque surtout, c’est un généralissime et un état-major.

Jusqu’à ce jour, nonobstant le dévouement et les tentatives d’amélioration de plusieurs membres, tant artistes qu’amateurs, elles sont demeurées pauvres, mesquinement stationnaires, faute de direction et de discipline.