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avoir lieu incessamment. Beaucoup d’amateurs des alentours firent retenir des places ; les demandes, et j’oserais dire les sollicitations redoublèrent de jour en jour ; mes amis enfin, auxquels leur gracieuse hospitalité donnait des droits sur moi, se mirent du complot et me pressèrent tant, que de guerre lasse, je promis tout ce que bon leur semblait et nous convînmes de faire chacun notre possible pour arranger une soirée musicale telle quelle, dont le produit serait versé dans la caisse des indigents.

Aussitôt que le directeur de la société philharmonique de *** fut informé de notre détermination, il vint m’offrir, avec une excessive bienveillance, l’assistance de ses faibles moyens (c’est la phrase d’usage) ainsi que le concours actif de la société qu’il avait l’honneur de diriger.

« Si vous le désirez, me dit-il, nous exécuterons des symphonies, des concertantes, des ouvertures ; celle de la Sémiramide, de Robin des Bois ou de la Caravane par exemple ?… ces sortes de morceaux donnent toujours du relief à un programme. »

Je restais ébahi de la magnificence de ses promesses et je crus ne pouvoir assez lui témoigner ma reconnaissance.

M. le Directeur devint de plus en plus confiant et éloquent. Pendant une grande demi-heure il ne cessa de me parler des merveilles de la société philharmonique, il me raconta sa fondation, ses