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nom, ouvriront une vaste carrière et appelleront au concours tous les genres, toutes les illustrations, toutes les capacités, toutes les grandeurs vieilles ou nouvelles, tout ce qui enfin, hommes ou choses, a force, valeur et vie.

C’est le vœu des artistes les plus avancés. La réalisation tient trop visiblement au progrès de l’art et aux intérêts du public, pour qu’elle ne soit prochaine.

Des sociétés philharmoniques

L’été dernier j’habitais un petit manoir aux environs de ***. Plusieurs personnes de cette ville me demandèrent obligeamment d’y donner un concert. Je remerciai et refusai, en protestant de mon aversion profonde pour les concerts en général et de mon antipathie particulière pour les concerts de province, où il n’est presque jamais possible de réunir les éléments d’un programme passable[1]. Néanmoins, malgré mes refus et mes dénégations positives, le bruit courut dans le pays qu’un grand concert vocal et instrumental à mon bénéfice devait

  1. À moins de s’y prendre à la façon d’un artiste célèbre qui parcourut toutes les villes de l’Europe et y donna des concerts ainsi composés : 1o Ouverture (on ne l’exécutait pas faute de musiciens) ; 2o Concerto composé et exécuté par M*** ; 3o Morceau de chant par le même ; 4o Fantaisie brillante sur des airs favoris, composée et exécutée par le même ; 5o Morceau d’harmonie (le manque total d’instruments à vent forçait nécessairement à s’en passer) ; 6o Romances et Nocturnes chantées par le même. (Note de Liszt.)