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relâche à la reproduction continuelle de certains ouvrages reconnus universellement pour détestables, et qu’on ne soutient qu’à l’aide d’un pas de Mlle Taglioni, ou de Mlle Essler ?… Essaiera-t-on de les rendre solidaires de ce vandalisme d’une nouvelle espèce qui s’acharne aux plus admirables chefs-d’œuvre, à Guillaume Tell, à Moïse, à Don Juan ; — qui les dépèce, les mutile, en retranche les deux tiers, et ne les livre au public que par fractions morcelées, sous prétexte de composer un spectacle attrayant ?

Je n’en finirais pas de questions de ce genre, qui heureusement n’ont plus le mérite d’être nouvelles ; — mais il me tarde de toucher un point plus important encore.

J’ignore, et il m’intéresse peu de savoir, si l’Opéra et les Bouffes, tels que MM. Véron et Robert nous les ont faits, sont des débouchés suffisants pour les produits de tels et tels fabricants et faiseurs, mais ce qu’il y a de certain, d’irréfragable, c’est que, vu la fertilité de MM. …, non seulement les noms de Gluck, de Spontini, de Chérubini, de Mozart, de Cimarosa, etc., etc., ne reparaissent plus sur l’affiche, (Orphée, Armide, Iphigénie, la Vestale, Cortez, les deux Journées, les Noces de Figaro, la Flûte enchantée, le Mariage secret et tant d’autres chefs-d’œuvre n’étant plus d’aucun répertoire) ; mais encore les jeunes compositeurs, ceux dont le talent ou le génie n’a pu se déployer à l’aise et se manifester avec éclat, sont continuellement