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cune du règlement contre les étrangers, dont cependant je désirerais pouvoir atténuer la rigueur. Mais je le demande sans prévention, ni partialité, je le demande aux professeurs et aux élèves eux-mêmes ; le Conservatoire répond-il aux besoins, satisfait-il en tous points aux exigences du moment actuel ? La vie circule-t-elle abondamment dans ce vaste corps que plusieurs accusent de décrépitude et que nous ne croyons qu’engourdi.

Ceux qui sont chargés de la direction et de l’enseignement des classes sont-ils réellement liés, unis entre eux par une doctrine et des sympathies communes ? Ont-ils conscience de l’œuvre qu’ils sont appelés à réaliser ? En ont-ils le courage et le prosélytisme ardent ? N’est-ce pas simplement pour le cérémonial, qu’ils signent leur nom les uns à la suite des autres ; et par habitude et avec une sorte de dégoût fatigué qu’ils remplissent leurs fonctions ? Les méthodes et les procédés d’enseignement sont-ils au niveau des progrès de l’art ?

Les élèves à leur tour, ont-ils pour leurs maîtres le respect, l’amour, l’enthousiasme que mériterait le premier corps enseignant de l’Europe ?… Croient-ils ce qu’on leur apprend, écoutent-ils ce qu’on leur dit, pratiquent-ils ce qu’on leur ordonne ? Y a-t-il en un mot, je le répète, y a-t-il de la vie, de l’activité, un sentiment vrai, profond et passionné de l’art, dans ces classes sales et mal distribuées de la rue du Faubourg-Poissonnière ?

Des noms célèbres, dira-t-on, sont inscrits comme