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notre grand violon refusa la demi-solde que lui offrait intrépidement M. Véron !

Et cependant, qu’on ne se méprenne pas sur le sentiment qui nous anime et qui fait notre vie même ; qu’à la vue de tant de pauvretés et de souffrances, on n’aille pas jusqu’à nous demander si, en dépit des faits, et « malgré la douloureuse expérience que nous avons acquise, nous persistons dans notre foi enfantine à l’art ?… Si c’est sérieusement enfin que nous nous berçons du fol espoir de rebâtir de fantastiques cités, au son de la lyre, ou d’obscurcir par de nouveaux ragas le soleil de l’ordre des choses ?… »

Oui, sans doute, envers et contre tout, parce que et quoique les artistes ont foi en l’art, et ils savent que la foi transplante des montagnes ; nous y croyons sérieusement comme nous croyons à Dieu et à l’humanité, dont l’art est l’organe, le verbe sublime. Nous croyons à son progrès indéfini et à un immense avenir social pour les musiciens ; nous y croyons de toute la force de notre espoir et de nos sympathies. Et c’est parce que nous croyons, que nous parlons et que nous parlerons.

Du Conservatoire

On ne compte en Europe que cinq à six capitales qui possèdent des écoles de musique. Partout ailleurs, quelle que soit l’importance et la richesse des villes, l’enseignement musical s’y pratique au