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qu’elles soient déjà. De toute part, en effet, nous ne voyons que des lacunes à combler, des abus à redresser, des développements et des extensions à donner, d’importantes réformes à opérer ; et nous croyons n’exprimer que le sentiment de l’immense majorité du public et des hommes éclairés, en affirmant que la situation des divers établissements que nous venons de nommer est loin, bien loin d’être satisfaisante pour l’art.

Mais, hélas ! la musique et les musiciens ne vivent encore que d’une vie factice et tronquée, à la surface des sociétés. Condamnés, par je ne sais quelle fatalité, à végéter sans bien commun, sans dignité, sans consécration, les artistes, dans leur existence matérielle même, sont à la merci du premier venu ; et quant à ce que nous avons appelé des institutions, on n’en a guère plus de souci que des individus. Bonaparte, d’un trait de plume, biffe la moitié des professeurs et des élèves du Conservatoire et réduit de 100 000 francs les fonds alloués à son entretien. Immédiatement après la révolution de juillet, Sa Majesté citoyenne renvoie, par économie, comme ou renvoie une domesticité inutile, les artistes composant la chapelle du roi. Il n’y a pas dix-huit mois que Choron, qui employa toute sa vie à la fondation d’une école destinée à perpétuer en France les grandes traditions des écoles d’Italie, mourut de misère à la même époque. L’illustre propagateur de la pâte Regnault, devenu directeur de l’Opéra, congédia Baillot parce que