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j’exagère ? Dites si je fais de la phraséologie par passe-temps ?…

Il y a près de cinquante ans, en 89, un métaphysicien, voyageur dans une mappemonde[1], Sieyès, proposa cette question à la classe moyenne de la société française : « Qu’est-ce que le Tiers-État ? » La réponse, elle dure encore, ce fut la révolution.

Dans cinquante ans, peut-être, il se trouvera encore quelques métaphysiciens, et un orateur pour le gratifier d’un sobriquet. Cet homme pourra faire aussi une question, non plus à la classe moyenne, mais aux deux classes qui ont mission et puissance de réconcilier toutes les classes, de les vivifier et de les diriger dans un commun amour vers le but assigné à l’humanité, les prêtres[2] et les artistes ; il leur demandera, comme Sieyès aux membres du tiers, ce qu’ils sont et ce qu’ils doivent être, et leur réponse sera plus qu’une révolution.

Lo que a deber ne pueda faltar[3].

[4]L’importance des travaux artistiques, leur influence et leur nécessité sociale sont maintenant hors de toute contestation. Grâce à Dieu, nous ne

  1. C’est ainsi que Mirabeau l’appelait par dérision (note de Liszt).
  2. À condition que ce soient des Lamennais (note de Liszt).
  3. « Ce qui doit être ne peut manquer. » Inscription du château de Coarage, où fut élevé Henri IV (note de Liszt).
  4. 30 août 1835.