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de choses »), ont sensiblement mécontenté et blessé au vif un certain nombre de mes honorables collègues.

Quelque modestes et circonspectes que fussent mes questions, quelque soin que j’eusse pris de laisser le champ libre à des exceptions plus ou moins nombreuses, et d’éloigner constamment jusqu’à l’ombre même de toute personnalité, je n’ai cependant point réussi à me soustraire à un anathème terrible, si dédaigneusement lancé dans les salons par d’importants réfléchisseurs aliborons, et que fulminent aussi ça et là, dans quelque arrière-boutique de journal ou dans quelque estaminet, une demi-douzaine d’artisans, écrivailleurs impotents, l’anathème qui frappe de réprobation et de mort toutes les folles exagérations, toutes les criminelles tentatives du progrès !…

J’avoue naïvement que pendant plusieurs jours la fantaisie m’a pris d’écouter certaines récriminations, censures et gloses, auxquelles le court aperçu de la situation générale des artistes a déjà donné lieu, et je confesse en toute humilité qu’après avoir bien prêté l’oreille et bien écouté, il m’a été absolument impossible d’extraire quelque raison nette, de formuler à mon esprit quelque objection sérieuse au milieu de cette cacophonie quasi-symphonique d’accusations vagues et tranchantes. Si donc une de ces éminences (qui, par parenthèse, n’ont pas toujours dédaigné de condescendre à ma subalternité, et qui maintes fois l’ont honorée dans des journaux spé-