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ture de sa composition aux Italiens, — et que ces jours derniers encore les feuilles politiques nous ont cérémonieusement annoncé que M. Donizetti avait eu l’honneur d’être reçu par Leurs Majestés le roi et la reine des Français. Ce sont toujours des compensations et de bonnes pierres d’attente !…

Un autre fait qu’on peut regarder à la fois comme cause et effet de la subalternité des musiciens, c’est le manque de foi, — l’égoïsme mesquin et mercantile d’un grand nombre d’entre eux…

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Mais, n’est-ce pas là le contre-coup du siècle travaillé d’un mal universel ?… Les apostats de l’art sont-ils les seuls, ont-ils été les premiers à se prosterner en foule devant l’ignoble Veau d’or ?… Qui oserait le dire et les condamner sans appel ?…

Tous les penseurs, tous les écrivains illustres ou ignorés, ont signalé ce vide de croyance, cette absence de tout lien commun, qui entraîne infailliblement la prédominance brutale des intérêts matériels, comme la grande plaie de notre époque. Nulle classe n’a su y échapper ; princes, prêtres, juges et soldats, tous ont été envahis par une effroyable contagion… Et nous aussi, hélas ! nous, prêtres de l’art, chargés d’une mission et d’un enseignement sublime, au lieu de demeurer fermes et vigilants comme les sentinelles du Seigneur qui ne se taisent ni nuit ni jour, au lieu de veiller et de prier, d’exhorter et d’agir, nous nous sommes