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naître d’assez nombreuses améliorations dans la position des artistes de notre temps, « leur fortune, — leur considération, — le pied d’égalité qui s’établit insensiblement entre l’aristocratie de la naissance, l’aristocratie de la fortune et celle de la capacité, etc., etc. «

Il n’est malheureusement que trop facile de répondre à ces objections si écrasantes en apparence. Et d’abord, j’accorde volontiers et de bonne grâce aux uns et aux autres tous les faits secondaires plus ou moins connus qu’ils se donnent la peine de produire. Loin de détruire le fait essentiel que j’avance, et qu’au besoin j’oserais établir positivement, ils ne font tout au plus que le voiler ou l’envelopper.

C’est chose superflue, ce me semble, que de rappeler de nouveau ici à ceux qui ne cessent de nous vanter en pompeuses phrases de rhétorique les magnificences et les douceurs infinies d’un prétendu Eldorado d’artistes (dont la position géographique reste encore à découvrir) la cuisine de l’électeur de Salzbourg, illustré par Mozart[1] — la koth gasse (rue de la Boue !) consacrée par l’abandon et le délaissement de Beethoven[2] !!!

Quant aux argumentateurs optimistes pour lesquels tout progrès s’est accompli et arrêté à la

  1. On sait que Mozart, au service du prince évéquede Salzbourg, prenait ses repas à la table des domestiques.
  2. Ce n’est d’ailleurs pas dans la Kothgasse mais dans la maison dite Schwarzspanierhaus, que Beethoven mourut.