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avait été justement prodigue envers lui, ne pouvait remplacer l’intime et profond bonheur de voir ses œuvres appréciées, comprises, aimées par les siens. Cette heure de renoncement intérieur dut être amère.

Pourtant quelles qu’aient pu être ses déceptions de ce côté, Spontini n’abandonna pas la pensée de rendre son séjour utile à sa patrie. Renonçant en juste appréciateur de l’état des choses, à une tentative de régénération impossible au théâtre, et tout aussi frappé de la décadence dans laquelle était tombée la musique d’église, il songea qu’il y avait là une réforme à tenter, parce qu’elle dépendait, en définitive, de la volonté d’un seul.

Choqué, scandalisé comme le sont tous ceux qui joignent au sentiment religieux le sentiment artiste, de n’entendre durant les offices de l’église et la célébration des saints mystères que de ridicules et inconvenantes réminiscences du théâtre ; plein de colère de voir l’orgue, cette majestueuse voix des cathédrales, ne plus faire résonner ces vastes tuyaux que des cabalettes à la mode, il conçut la noble pensée d’arracher l’église à ce scandale, et de réinstaurer l’austère et grave musique, telle que l’écrivirent les Palestrina, les Marcello, les Allegri. Fortement appuyé par l’évêque de Jesi (ville des États-Romains où est né Spontini) qui se hâta de défendre par un mandement spécial l’exécution de la musique de théâtre dans son diocèse, se fondant sur les arrêts des