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monté, au bénéfice de la salle d’asile, Othello, le Barbier et l’Elisir d’Amore. Les deux premiers sont des chefs-d’œuvre, l’autre est une des meilleures compositions de Donizetti ; mais Othello et le Barbier joués depuis quinze années sur tous les théâtres d’Europe avec un succès immense, chantés à l’envi par les artistes les plus éminents, Othello et le Barbier que les enfants savent par cœur et que le peuple fredonne dans les rues, n’ont plus besoin de la publicité restreinte d’un théâtre d’amateurs. L’Elisir d’Amore a aussi un succès de vogue, il est à l’ordre du jour de tous les répertoires. Il n’y a pas, ce me semble, grand avantage pour l’art à ce que ces opéras soient représentés une ou deux fois de plus ou de moins. N’y aurait-il pas pour des amateurs que leur position place au-dessus des considérations pécuniaires et des exigences du public, à côté du simple but d’amusement et de vanité légitimement satisfaite, un but plus élevé à se proposer ? Ce serait de faire connaître à l’Italie des œuvres capitales qui, par un déplorable enchaînement de circonstances, semblent devoir lui rester encore longtemps inconnues ; d’aborder courageusement les compositions de Mozart, de Weber, de Meyerbeer ; de transplanter sur un sol bien préparé ces productions de la muse étrangère, de les faire apprécier, goûter d’abord par la bonne compagnie, dont, en tout pays, l’influence est si grande ; et d’exciter ainsi peu à peu, dans un public plus vaste, le désir de connaître aussi ces