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seurs, — en laissant au public le soin de les classer sous le rapport du talent en grands et petits, classiques et romantiques, invalides et imberbes, vulgaires et sublimes, etc., etc. — et sous le rapport moral, en Artistes et Artisans.

Ces deux termes n’ont pas besoin d’être définis. L’initiative morale, la manifestation du progrès humanitaire, au prix des sacrifices et des dévouements les plus pénibles, en butte aux persécutions du ridicule et de l’envie, tel a été de tout temps, le partage des véritables artistes. Quant à ceux que nous qualifions du titre d’artisan, il n’y a pas lieu de s’en inquiéter beaucoup. Le petit trafic quotidien, les mesquines satisfactions d’amour-propre et de coterie suffisent amplement à leur importante personnalité. Ils ont le verbe haut, gagnent de l’argent, se font prôner… Le public en est dupe quelquefois ; mais qu’importe ?…

[1]Avant de passer à des considérations spéciales sur les différentes relations des artistes musiciens, et de définir le plus exactement qu’il me sera possible la situation et les rapports généraux des compositeurs, des exécutants et des professeurs ; — avant d’oser toucher (d’une main profane et téméraire peut-être) au sanctuaire des traditions musi-

  1. 17 mai 1835.