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les plus grandes villes. Alors, et pour un instant, telle petite ville qui était déserte et silencieuse, s’anime, s’égaie, se vivifie. Des gens qui, le reste de l’année, vivent isolés, sans amusements et presque sans intérêts, se trouvent tout à coup rassemblés chaque soir dans une même salle, se passionnent pour ou contre les mêmes individus et les mêmes choses, confondent et échangent leurs émotions, leurs sympathies. L’incroyable bon marché du prix d’entrée rend le plaisir du spectacle accessible à tous. Et c’est là une chose dont on n’a guère idée en d’autres pays : un centre de divertissement qui réunit toutes les classes ; un foyer commun de vie, de passion, d’enthousiasme ; un principe de civilisation qui, ainsi qu’une source toujours jaillissante, se répand incessamment dans chaque branche de la société.

Quel dommage que des habitudes si favorables à l’extension de l’art, ne servent aujourd’hui qu’à faire végéter une foule de productions éphémères, à sortir pour une heure du néant des noms et des œuvres destinés à y retomber presque aussitôt ! Le public les accepte faute de comparaisons, les écoute par habitude, et les vante ensuite par esprit de nationalité ; car l’esprit de nationalité est excessivement chatouilleux en Italie et va se loger là où il semblerait au premier abord qu’il n’a absolument que faire.

Les opéras qui sont actuellement le plus en possession du répertoire, et font successivement le tour