Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/293

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

dehors des habitudes de la presse. Les compositeurs et les exécutants ont parmi les journalistes leurs amis et leurs ennemis, leurs partisans et leurs détracteurs. Les uns les exaltent en toute occasion jusqu’aux nues, les autres leur disent de grosses injures ; mais la part des louanges est de beaucoup la plus considérable ; elles doivent toujours être absolues, sans restriction aucune. « Madame *** est merveilleuse, divine ; elle a fait fanatisme ; le maëstro *** est un génie incomparable. » Telles sont les formules adoptées. Les principes essentiels du beau et du vrai ne sont jamais ni posés, ni discutés. La critique caresse la vanité des artistes au lieu de stimuler leur amour-propre ; elle suit la mode au lieu d’éclairer le goût, et joue assez habituellement le personnage du cicerone qui vous fait pompeusement la nomenclature admirative de tous les objets que vous visitez avec lui.

Outre les trois grands théâtres ci-dessus, il n’est pas de ville en Italie, quelque imperceptible que puisse être le point noir qui la désigne sur la carte géographique, qui n’ait aussi sa salle de spectacle, presque toujours spacieuse, d’une bonne architecture et parfaitement commode. Chacun de ces théâtres acquiert de l’importance à une époque déterminée de l’année et devient théâtre du premier ordre. À Bergamo, à Brescia, à Sinigaglia, à Piacenza, à Livourne, à Lucques, etc., durant le temps des foires ou la résidence du souverain, les premiers sujets sont engagés et payés comme dans