Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vénitiens. J’assistai aux premières représentations du nouvel opéra de Mercadante, Li due illustri rivali. C’est une partition écrite avec habileté et conscience ; plusieurs morceaux d’ensemble en sont vraiment remarquables ; aussi le succès a-t-il été complet. Les derniers ouvrages de Mercadante sont sans contredit les mieux écrits et les mieux pensés du répertoire actuel.

Par malheur, la Fenice une fois close, je me trouvai de nouveau en pleine disette musicale ; n’ayant donc, comme Brid’oison, d’autre façon de penser que celle de ne savoir que vous dire, j’eus l’idée pour allonger ma lettre d’y ajouter quelques mots sur la peinture. J’osai vous nommer Titien et le Véronèse, et si je ne me trompe, je me laissai aller a vous parler de quelques-unes de mes impressions personnelles sur les lagunes, les palais mauresques, etc. Mais voici que vous m’accusez de « devenir trop littéraire (le dernier des reproches que je croyais jamais pouvoir mériter, sur l’honneur !) ; vous prétendez que vos abonnés ne veulent et ne doivent entendre parler que de septième diminuée et de fa double dièse ; vous biffez honteusement mes pattes de mouches poétiques, vous coulez bas ma gondole au clair de lune, et vous me demandez avec colère ce qu’ont affaire Gianbellino, Donatello, Sansovino, avec le rédacteur de la Gazette Musicale. Il n’y a donc pas de ma faute si vos lecteurs ne sont point au courant de ce qui s’est fait à la Fenice.

Quant à la Scala, permettez-moi de vous rappeler