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il charmera, mais l’effet qu’il produira sera éphémère ; si d’autres ne se joignent à lui, en travaillant avec lui, le vent emportera ce qu’il aura semé ; il n’exercera point d’influence durable. Or, et ceci est d’une vérité absolue, dans aucune des villes d’Italie que j’ai parcourues il n’existe une réunion d’artistes qui sachent ou veuillent exécuter les œuvres symphoniques des maîtres. La musique de quatuor est complètement délaissée ; à l’exception des ouvertures d’opéras que l’on entend au théâtre, exécutées la plupart du temps sans verve, sans précision, sans ensemble, et d’ailleurs plus d’à moitié étouffées par le bruit des conversations, il est à peu près impossible d’entendre où que ce soit le plus petit bout de musique d’orchestre[1].

De ce côté donc néant, néant absolu. Soit que cela tourne à l’antipathie inhérente au caractère national pour ce genre de musique, soit qu’on doive l’attribuer à l’absence d’artistes ayant tout à la fois assez de volonté, d’autorité et de persévérance pour former peu à peu le goût du public et l’amener aux choses sérieuses, soit toute autre cause à moi inconnue, toujours est-il que le résultat est déplorable. En conséquence ce paragraphe de ma revue hebdomadaire resterait forcément toujours en blanc.

Maintenant passons aux théâtres.

L’Italie, comme vous savez, compte trois théâtres

  1. Le même mot sert en italien à désigner les ouvertures et les symphonies (sinfonia). La véritable acception du mot symphonie est généralement ignorée (note de Liszt).