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que j’envisage comme un devoir pour nous. Le seul privilège que je demande, c’est celui de désigner le statuaire. Confier ce travail à Bartolini, c’est s’assurer qu’il sera digne de Beethoven[1].

Je t’enverrai le programme qu’il doit me communiquer sous peu. D’immenses sommes ne seront pas nécessaires à son exécution. Trois concerts à Vienne, Paris et Londres suffiront à peu de choses près. Le reste se trouvera bien, Dieu aidant, dans la poche du vagabond infatigable, comme tu le nommes. Si donc aucun obstacle indépendant de ma volonté ne s’élève, dans deux ans, le monument sera en place.

Je voudrais te dire des nouvelles, je n’en sais guère. Francilla Pixis a chanté avec beaucoup de succès à Naples : elle est engagée à Palerme. Hiller qui travaillait à un nouvel opéra italien, a été rappelé subitement à Francfort par la mort de sa mère. Schumann, notre génial Schumann a écrit pour piano des Scènes d’enfants ravissantes. Schumann est un poète plein de sensibilité et un grand musicien. M. Schwarzbach, jeune pianiste polonais, m’a envoyé de jolies mazourkas.

Je viens d’assister à une messe du Saint-Esprit, chantée au dôme de Pise pour l’ouverture du congrès des savants. C’était effectivement une messe pour des savants. Tout à l’heure on a inauguré alla sapienza, la statue de Galilée.

  1. Ainsi fut fait. Liszt donna une cinquantaine de mille francs et la statue de Beethoven s’éleva à Bonn en 1845. Mais l’auteur en fut le sculpteur Hähnel.