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La réponse à ces graves questions serait longue et triste. Peut-être la hasarderai-je ailleurs, quoiqu’elle soit de nature à choquer plusieurs aristarques de feuilleton qui sont eux-mêmes une vivante preuve de la majesté de Tart ; mais aujourd’hui je me crois obligé de rentrer plus directement dans l’objet de cet article.

Qu’on me permette donc d’abord de rappeler la belle page sur les musiciens du Dictionnaire de Musique de Rousseau, — et comme les sévères paroles du philosophe de Genève expliquent et justifient en quelque sorte ce qui a pu sembler digressif dans les lignes précédentes, qu’on me permette encore de les citer :

« Le nom de musicien se donne également à celui qui compose la musique et à celui qui l’exécute. — Les anciens musiciens étaient des poètes, des philosophes, des orateurs du premier ordre. Tels étaient Orphée, Terpandre, Stésichore. Aussi Boèce ne veut-il pas honorer du nom de musicien celui qui pratique seulement la musique par le ministère servile des doigts et de la voix, mais celui qui possède cette science par le raisonnement et la spéculation. Et il semble, de plus, que pour s’élever aux grandes expressions de la musique oratoire et initiative, il faudrait avoir fait une étude particulière des passions humaines et du langage de la nature.

    sieurs fois annoncée ; nous désirons virement que cette importante publication ne soit pas retardée. (Note de Liszt.)