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recueillit les secrets d’une charité sans bornes, d’un amour qui ne se lassa point jusqu’à la fin comme parlent les Écritures. Saint Jean, c’est le type le plus excellemment parfait des affections humaines épurées et consacrées par la religion ; c’est le sentiment chrétien, tendre et profond, mais tempéré par les salutaires enseignements de la douleur.

De l’autre côté Madeleine, dans tout l’éclat de ses ajustements mondains, vient aussi écouter les cantiques sacrés. Il y a dans son port je ne sais quoi d’altier, de profane, dans toute sa personne une certaine volupté qui tient plus de la Grèce que de la Judée, du paganisme que du christianisme. Madeleine, c’est encore l’amour, mais l’amour qui naît des sens et s’attache à la beauté visible. Aussi est-elle plus éloignée de sainte Cécile que saint Jean, comme si le peintre avait voulu donner à entendre qu’elle participe moins que lui à l’essence divine de la musique, et que son oreille est captivée par l’attrait sensuel des sons plutôt que son cœur n’est pénétré d’une émotion surnaturelle.

Sur le premier plan est saint Paul, la tête penchée sur sa main gauche, dans l’attitude d’une profonde méditation ; sa main droite est appuyée sur un glaive, emblème de la parole militaire et dominatrice avec laquelle il dissipa l’ignorance des peuples et conquit les âmes au Dieu inconnu. Saint Paul fut le premier entre les apôtres qui fit servir l’éloquence et la philosophie à l’établissement de la