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eux qui lui refusent d’abord, qui lui disputent ensuite pas à pas sa place au soleil, sa part de lumière. Que Berlioz, ainsi que Cellini, écrive un jour le récit fidèle des vicissitudes de sa vie, et nous serons tristement surpris de voir comment une si haute intelligence, un si noble cœur, ont soulevé tant de passions basses ; et nous nous refuserons à croire qu’au lieu de sympathie, d’aide, ou tout au moins d’impartialité, il n’ait rencontré chez beaucoup des siens qu’opposition, injustice ou basse indifférence.

Arrive pour Cellini le moment désiré où son talent va recevoir une consécration. Il a obtenu de Côme Ier la commission de Persée, une des statues qui doivent orner la place du palais. Il devient l’émule des Donatello et des Michel-Ange. Benvenuto l’orfèvre, Benvenuto le ciseleur, va devenir Benvenuto le statuaire.

Il ne sera plus seulement le favori des grands, il sera l’élu du peuple, l’artiste national. Je n’entrerai pas dans le détail des innombrables empêchements apportés au travail de Cellini. Sa patience et sa persévérance furent mises à des épreuves qui ne cessèrent même pas après l’éclatante réussite de son œuvre. La jalousie de son indigne rival Bandinelli ne lui laissait ni trêve, ni repos. La tourbe des statuaires médiocres l’assaillait de railleries. On le défiait de produire une grande œuvre ; on le taxait de forfanterie ; on l’appelait par dérision le sculpteur nouveau, il scultar nuovo. Le grand duc ébranlé par