Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Idée primordiale ! Vérité éternellement vraie !

Revêtant d’abord la forme la plus abstraite de l’art, elle se révèle dans la parole. La poésie lui prête son langage ; elle la symbolise. L’antiquité nous donne, dans Persée, l’allégorie profonde, complète. C’est le premier degré, le premier pas du développement de l’idée ; continuons :

Dans les temps modernes et sous la main d’un grand artiste, elle prend une forme sensible, elle devient plastique ; la fournaise s’allume, le métal se liquéfie, il coule dans le moule, le Persée en sort tout armé, tenant en main la tête de Méduse, gage de la victoire.

Gloire à toi, Cellini, car tu as accompli une œuvre difficile. Toi aussi, homme de lutte et de combat, tu as terrassé la Gorgone. Toi aussi, homme d’inspiration, tu as triomphé du monstre, tu as obtenu Andromède, tu as conquis le beau ; ton nom ne périra plus.

C’est le second degré.

Puis de nos jours vient un autre Cellini[1], un grand artiste, lui aussi, qui prend l’idée à la seconde phase et la transforme de nouveau. S’adressant au sens de l’ouïe comme Cellini s’est adressé au sens de la vue, il revêt l’idée d’une nouvelle splendeur, et fait du Persée une création aussi grande, aussi complète, aussi achevée que les deux premières.

  1. Berlioz, dont l’opéra Benvenuto Cellini, venait d’être représenté à Paris.