Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

germe et grandit incessamment dans tous les cœurs… Oh ! faire tout cela, dire et crier toutes ces choses si criantes d’elles-mêmes, de manière à ce que les plus sourds soient contraints de les entendre, ce serait assurément une belle et noble tâche à remplir. Plusieurs fois je l’avoue, l’importance, et si l’on me permet cette expression, la flagrance du problème m’ont vivement attiré ; mais trop directement entraîné à des études spéciales de composition et d’exécution, je n’ai pu qu’ébaucher très partiellement (faute de talents et de temps) des questions d’un ordre différent.

Je me bornerai donc, quant à présent, à quelques aperçus et critiques particulièrement destinés aux artistes musiciens, en appelant de tous mes vœux l’homme supérieur et sympathique qui se consacrera tout entier à une œuvre plus générale et plus importante, trop au-dessus de mes forces. C’est à lui de rétablir dans leur jour tant de vérités étouffées par des préjugés et des ignorances désormais injustifiables, et de revendiquer dignement des droits trop longtemps méconnus. À lui aussi la gloire d’être à la fois l’architecte et le fondateur d’un temple nouveau dont il ne m’est donné que d’entrevoir les matériaux épars.

[1]La civilisation des temps modernes, en dégageant le faisceau des connaissances humaines de

  1. 10 mai 1835.