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pour toujours ? N’y a-t-il pas eu au contraire bien des heures, bien des journées, où vous vous êtes senti mal assis dans vos croyances ? Vous qui avez une haute mission de penseur et de poète, avez-vous toujours bien discerné les rayons de votre étoile ?

Si je ne me trompe, alors que je suivais obscurément les prédications saint-simoniennes à côté de beaucoup d’autres, qui ont mieux tiré parti que moi des idées puisées à cette source jaillissante, et sont aujourd’hui fort bien assis dans les fauteuils du juste-milieu, je vous voyais de loin, vous le poète illustre, introduit jusque dans le sanctuaire, et vous ne craignîtes pas de le confesser plus tard, en dédiant au père Enfantin un beau livre, dans lequel vous lui demandiez de communier avec lui à travers le temps et l’espace. Plus tard encore, la bienveillance dont m’honora M. Ballanche me permit de me rencontrer avec vous chez lui, et de me faire quelquefois l’humble écho des témoignages d’admiration qui, dans votre bouche, pouvaient le flatter. Là, nous étions encore, vous et moi, fort mal assis, car, en vérité, le grand philosophe n’a guère le temps de songer à renouveler ses meubles.

Il est vrai que vous vous êtes toujours mieux passé que moi de la croix du Golgotha ; pourtant vous avez repoussé avec énergie l’accusation d’appartenir à ceux qui l’ont dressée pour le Sauveur du monde… Et le bonnet du jacobinisme, qu’en dites-