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Mme Pasta, vous eussiez vu les deux demoiselles Branca, dont les voix sont aussi fraîches que les visages ; auprès de Nourrit, le comte Pompéo Belgiocoso et Tonino, son cousin, dont Tamburini et Ivanoff pourraient être jaloux. Un soir notre ami Hiller faisait exécuter un chœur de sa composition sur le psaume : Il signor è il mio pastor, et ce beau morceau, bien que sévère et d’harmonie un peu allemande, excitait un vif enthousiasme ; une autre fois, une femme d’un grand talent, Mme Cambaggio, jouait un duo à deux pianos avec un pauvre artiste qui, je vous le jure, fit en une demi-heure plus de fausses notes qu’il n’en avait fait en toute sa vie, tant ce visage gracieux, se balançant entre deux touffes de boucles brunes, lui donnait des distractions. À ce propos, vous saurez qu’il est peu de villes en Europe où la musique soit aussi cultivée qu’elle l’est dans la société milanaise. Rossini disait avec justesse que nous autres artistes nous y étions complètement vaincus dans la lutte. À tous les noms que je vous ai déjà cités, j’ajouterai celui de la Marchesina Medici dont le talent est si achevé, de Mme Vanotti qui fait retentir de ses accords poétiques les solitudes de Varèze ; des deux demoiselles R… qui jouent du piano et de la harpe avec une supériorité qui n’est ignorée que d’elles seules ; de la comtesse Samaglia, dont la voix est douce et pénétrante comme le parfum d’une violette de mai… ; et tant d’autres que vous entendrez quand vous viendrez à Milan, qui vous berceront de leurs